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BIENVENUE

Nous sommes un couple, la trentaine passée, amoureux de nature et d'aventure. En 2005-2006, nous avons chevauché notre tandem pour effectuer en autonomie complète, durant une année, une traversée du continent américain, de l'Alaska à la Terre de Feu. Nous avons 2 enfants maintenant et continuons à explorer notre belle planète simplement. Retrouvez nos anciennes vadrouilles sur www.tandaimenature.unblog.fr

 

Nous avons créé ce nouveau blog pour continuer à partager avec vous en images nos futurs périples à pied, à vélo et en famille, en France ou à l'étranger. Vous trouverez également sur ce blog les informations concernant nos diaporamas et nos publications (livre et articlesainsi que le suivi de notre projet pour 2012 et le lien avec des élèves du primaire et du secondaire…

Bon voyage!

 

Myriam Walter et Arnaud Dulieu

 

Pour nous contacter : tandaimenature05(arobase)voila.fr



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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 09:57

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                                                         A l'intérieur de  la pension à Tetouan

 

Sur la carte, il ne reste pourtant plus que quelques kilomètres avant la mer et la route qui est représentée par une ligne jaune quasi rectiligne semble si facile. Mais, le Rif ne nous laissera aucun répit jusqu’à la côte. Les habitants sont de tout cœur avec nous. Certains iront même jusqu’à nous proposer un peu de kif en pleine ascension, histoire d’asphyxier définitivement nos poumons !

On jette un dernier regard sur le drapeau marocain qui flotte dans le ciel gris du port de Tanger Med et puis, le bateau prend le large.

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 18:07

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Romane s’est endormie bercée par le mouvement balancier du dromadaire. Je la coince avec une jambe, une main accrochée à la selle, l’autre lui servant de repose-tête. Le lendemain, j’ai des courbatures et des douleurs au genou. Le vélo est finalement moins éprouvant ! Nous quittons les dunes et remontons sur nos engins en suivant la courbe et les méandres formés par l’oued Ziz. Nous nous arrêtons sous les palmiers dattiers, les oiseaux nous offrent un concert printanier et les amandiers fleurissants, un clin d’œil de blanc dans ce tableau bicolore que forme le ruban de palmiers verts dans le creux des montagnes ocres.

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Nous empruntons la nationale, seule route existante, pour remonter vers le Nord du pays. Le trafic s’intensifie, le vent et les montées aussi, nous roulons têtes baissées, le paysage caillouteux et désertique lasse nos esprits. Nous cherchons un endroit attrayant pour les petites. Cela devient difficile. Mon genou couine, grince, coince. Je n’appuie plus que d’une jambe sur la pédale. On arrive à Er-Rachidia, la ville, les klaxons, les piétons, la pollution, tout est fait pour augmenter notre tension. On cherche une solution. Continuer dans ce désert cela devient trop long, il nous faut changer de région. Nous prenons un bus, nos bicyclettes et charrettes dans la soute. Nos pépettes bien heureuses de partager un petit bout de chemin avec une cinquantaine de marocains, sont toutes existées de cette nouvelle expérience.

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Rachid nous accueille à Azrou. A 27 ans, il vit de petits boulots, de thé et d’amitié. Il a espoir d’améliorer sa situation et celle de sa famille, Inch Allah comme il dit. En attendant, il partage son temps avec ses amis au café le regard qui s’évade entre les tuiles vertes des toits de la ville et l’horizon vallonné des montagnes du Moyen-Atlas.

Après l’avoir quitté, nous visitons une forêt de cèdres, endroit idéal pour pique-niquer. Nous sortons nos gamelles et victuailles quand soudain, à peine le dos tourné, un voleur s’empare de notre pain. Noémie voulait tellement manger un sandwich de Vache qui rit et pleurniche : « Mais maman, fait quelque chose ! ». « Je ne peux rien faire ; tant pis, on se contentera de tomates, de pommes et d’oranges » lui répondis-je. Soudain tout un groupe d’individus nous encercle, prêts à saisir l’occasion pour s’emparer de notre butin. Noémie s’équipe d’un bâton, Romane prend peur, nous sommes tous aux aguets. Mais, le chef, bien plus costaud et impressionnant que les autres a eu raison de nous. Il nous dérobe un fruit et le dévore sous nos yeux ! Nous restons penauds au pied des arbres sous le regard moqueur des…singes.

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La population a changé par rapport au sud du pays. Les gens semblent plus ouverts, plus spontanés. Le sourire des femmes est rassurant nous rappelant qu’elles existent car elles se faisaient tellement oublier dans le désert, déambulant telles des ombres dans les rues, sapées entièrement de noir et ne laissant à découvert que leurs yeux, parfois même qu’un seul œil ou aucun. Dans le Nord en ville, certaines femmes prennent le volant, d’autres, cheveux lâchés, sont véhiculées à l’arrière d’une mobylette.  

Les fillettes dorment dans la remorque. Nous stoppons brièvement sur le bas côté pour admirer une vue panoramique sur la région. Un monsieur s’approche d’Arnaud interloqué par notre équipage. D’une voix forte, il le questionne sur notre voyage et en s’approchant de la remorque appelle les filles. Elles sursautent. Nous n’avons pas le temps de lui en vouloir de les avoir réveillées que déjà ils s’exclament : « Vous allez à Fès, n’est-ce pas ? Soyez les bienvenus à la maison. Tenez, mon numéro de téléphone et celui de ma femme. Appelez dès que vous arriverez dans la ville.» Puis, il remonte dans sa voiture, continuant son chemin.

Nous passerons 3 nuits chez lui et sa femme. Nos échanges furent riches, nous ne détaillerons pas tout ici.

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Artisan fabriquant les mosaïques en céramique à Fès

Heureux de retrouver le silence et la nature après le brouhaha et les murs de la ville, nous grimpons fortement entre les oliviers pour quitter Fès.

Maroc 2606Par ici, les ânes et les cheveux servent à parcourir les chemins montagneux. Les charrettes et les vélos ont disparu. Le ciel est gris, les premières gouttes de pluie tombent. Nous nous abritons près d’une maison. C’est là que nous passerons la nuit, accueilli par Aziza. Avec nos quelques mots d’arabes et ses quelques mots de français, nous communiquons, rions, partageons un excellent moment convivial. Assise sur sa peau de mouton dans sa maison en terre, Aziza coiffe les longs cheveux de ses filles joliment teintés à l’henné et les enduit ensuite d’huile. Nos filles y ont droit aussi ! Elles s’endorment ensuite dans la pièce bercées par de la musique marocaine. Au matin, alors que nous sommes en train d’empaqueter nos affaires, Aziza nous offre une bouteille d’huile d’olive fait maison. Elle nous mime sa demande. Je comprends que si nous revenons au Maroc, nous sommes invités à dormir à nouveau chez elle.

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Aziza et Amina devant leur maison nous saluant pour notre départ

Le lendemain, nous saluons au bord de la route quatre jeunes filles à vélo. Elles nous réclament une pompe. Arnaud s’arrête. Elles nous remercient. Narjisse, 17 ans nous propose de venir dormir chez elle. Nous sommes abasourdis par une telle initiative. Ses lycéennes nous invitent ensuite à prendre un goûter dans un snack. On se régale de milk-shake à la fraise, yaourt et harcha (galette de semoule). Elles refusent que l’on paye. Après plusieurs appels sur leur téléphone portable, Narjisse nous explique : « Ok, vous venez avec moi, mais comme mes parents ne sont pas là ce soir, vous dormirez chez ma grand-mère, ça vous va ? ». Plus tard, nous rencontrons ses parents, discutons de la France, du Maroc, de la crise, de la sécheresse, des études, du problème des déchets, du développement du pays, de la corruption…Ils nous invitent ensuite à déjeuner chez eux le lendemain. Nos filles sont chouchoutées par les leurs. A table, Noémie demande : « Je peux prendre les doigts ? », « Mais oui, tu dois prendre tes doigts ! » répond Aïcha, la maman. Et nos mains s’entremêlent par-dessus les plats. Elle nous propose de rester encore, même plusieurs jours. Nous avons déjà l’impression d’être en famille avec eux. Nous nous enlaçons, j’ai les larmes aux yeux. Nos deux petites souillons rentrent dans leur carrosse transformées en Cendrillon, parées de colliers, rubans, coiffées de barrettes, elles se regardent dans le miroir rose offert par les deux adolescentes. Narjisse nous accompagne en vélo jusqu’à la sortie de la ville. Elle souhaite avoir son bac avec mention pour pouvoir faire médecine. En tout cas, je donnerai la mention très bien à la valeur humaine de cette jeune fille. Je laisse ensuite mes pensées m’envahir : si les rôles étaient inversés, y aurait-il en France, des lycéens capables d’inviter ainsi des étrangers de couleurs rencontrés au bord de la route? Et si oui, y aurait-il des parents suffisamment ouverts pour accepter cela et ne pas traiter leur enfant de fou ? En tout cas, si tous les jeunes d’aujourd’hui étaient des Narjisse, il n’y aurait pas d’inquiétude à avoir sur l’avenir et la paix dans le monde !

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  Aïcha, Noémie, Mina et Romane

Nous ne pouvons pas tout écrire sur ce blog, il y a encore mille et une chose que nous aimerions raconter comme la rencontre avec Nordine.

Maroc 2698 Cet homme à commencé à réprimander Arnaud parce qu’il emmenait sa femme et ses enfants sur des routes dégradées où il n’y a plus rien pendant une cinquantaine de kilomètres, seulement quelques paysans. Et, la tournure inédite que cette rencontre a générée.

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La route est effectivement défoncée, trouée, caillouteuse. Nous avons davantage mal aux bras qu’aux jambes tellement il faut empoigner fortement le guidon. Le terrain montagneux du Rif ne nous laisse aucun répit. Nous gravissons une succession de cols sans même éprouver le soulagement des descentes qui s’avèrent scabreuses. Les amortisseurs de la remorque sont efficaces mais les filles ne dorment pas, elles jouent et rigolent bien à l’intérieur de leur cocon.

Le lendemain, c’est un vent déchainé que nous devons affronter. Malgré une route goudronnée, nous roulons à vitesse minimale. Il est parfois si violent qu’il nous projette sur le côté ou nous arrête dans notre élan. Il n’a d’agréable que les senteurs qu’il transporte. Tour à tour nous humectons la forte odeur de l’huile d’olive, le doux parfum des fleurs d’orangers. Malgré tous nos efforts, nous n’arriverons pas jusqu’à la ville. Nous lâchons les armes en haut d’une côte et plantons notre tente, après l’accord du propriétaire, dans l’enceinte d’une petite maison de campagne.

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Il nous manquait un troisième jour pour compléter le palmarès des jours les plus difficiles ! Au réveil, nous comprenons à la couleur du ciel que le vent sera remplacé par la pluie. C’est ainsi que nous enchaînons encore des cols sous les averses et craignons pour les descentes de glisser sur la chaussée. Nos deux anges dorment profondément bien à l’abri et ne s’aperçoivent même pas qu’il pleut ! Les paupières s’ouvrent, la pluie cesse, Noémie s’exclame : « Oh, la route est vraiment penchée ! Faut faire attention maman de ne pas reculer ! » Elle est effectivement parfois si pentue que même les camionnettes chargées de marchandises pour le souk ont du mal à monter, nous projetant en pleine figure une bonne bouffée de gaz noirâtre. Les dattes et figues séchées sont digérées, Chefchaouen se dévoile, accolée à la montagne. Nous sommes soulagés. Un petit restau pour se revigorer, un tour au hammam pour se décrasser et un bon dodo pour récupérer ! (Enfin presque car Romane nous a réveillé plusieurs fois dans la nuit !)

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Dans les ruelles de la médina de Chefchaouen

Voila, la boucle marocaine est bientôt bouclée. Après Tétouan, nous descendrons retrouver la mer et le port de Tanger Med pour poursuivre notre périple sur d’autres terres.

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 22:45

 

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                                                                                         A 2740 m d'altitude

 

A plus de 2000 m d’altitude, vêtus de toutes les couches de vêtements que nous possédons, nous avons très vite froid dès que le soleil se couche. Il nous faut encore passer un col à plus de 2700 m avant de plonger versant sud de l’Atlas où un climat différent nous attend.

La journée était mal partie pour moi car enquiquinée par une angine attrapée à Imilchil en me couchant les cheveux mouillés (eh oui, il n’y a pas de sèche cheveux dans notre remorque !), des petits ennuis intestinaux au réveil et les inconvénients des mauvais jours des femmes, je grimpe difficilement sur ma bicyclette. Mais, très vite je me laisse envahir par la beauté des lieux. Nous sillonnons dans un silence absolu cette route qui passe entre des montagnes de plus en plus arides. Par chance, Eole (ou Allah !) est avec nous ce jour –là et je me sens bercée par le cliquetis de la chaîne qui tourne et le sifflement du vent. D’un coup, je sursaute au son de la voix de l’homme qui m’interpelle sur le bas-côté : « Salaam alaikoum ! La besse ? »me lance-t-il. C’est la seule personne que nous croiserons de la matinée. Il est berger et son troupeau formé d’une centaine de chèvres et de moutons crapahute sur le flanc caillouteux de la montagne. Le col est là, le paysage est majestueux et nous sommes presque tristes de devoir descendre. DSC00297.JPG

 

Nous passons ensuite par de petits villages où les habitations sont fabriquées en pisé (boue et paille). A chaque arrêt, un attroupement d’enfants se forme autour de la remorque. Et lorsque nos filles sortent de leur maisonnette, des cris et des rires viennent rompre le calme ambiant.

 

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                                         A Agoudal, une vingtaine d'enfants s'attroupent autour des filles

 

Nous serpentons à travers les Gorges rougeâtre du Todgha, le premier palmier apparaît. Les filles rencontrent leur premier dromadaire. Nous remplaçons les bonnets par les casquettes et les hommes du pays les capuches des djellabas par les chèches.

 

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                                                                    Noémie dans les ruelles d'un Ksar (village fortifié)

 

Nous traversons des palmeraies de cette région présaharienne où le sol sec ne laisse aucune verdure apparaître sous les dattiers. Les habitants se plaignent de la sècheresse. Il n’y a pas eu de pluie depuis des mois. Nous sommes les seuls dans le pays à ne pas l’attendre avec impatience !

Les filles jouent avec les cailloux et la poussière du bord de route. Ce soir, Hin, une fillette de 4 ans sera leur copine de jeu. Toutes les trois s’amuseront des dizaines de fois à remplir de sable une petite tasse en plastique et à nous l’apporter en disant « thé ! ». Plus tard, Noémie s’évertuera à expliquer le jeu de la bataille à Hin : « Alors tu comprends quand ton chien est plus grand que le mien t’as gagné, s’il est plus petit t’as perdu ! » et la petite fille en répondant quelques mots en bèrbère se retourne vers Romane qui étale toutes les cartes parterre et s’amuse alors à faire de même. Les paupières s’alourdissent. Le grand-père de Hin a abaissé la cloison de la tente berbère. Tout le monde se couche sur le sol bosselé enfuit dans les sacs de couchage ou sous les couvertures.

 

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                                                                                     Au souk de Rissani

 Ce matin, je prends la tête du convoi car le très fort vent de face ralenti considérablement notre avancée et comme la remorque d'Arnaud est peu aérodynamique, il se colle derrière moi pour se protéger un peu du vent et garder le rythme. Les filles se chamaillent, commencent à crier, à pleurer, on s'énerve. Romane ne veut pas rendre la casquette à Noémie! On leur explique qu'on va bientôt s'arrêter mais que là il n'y a rien alors on attend d'avoir un arbre ou quelque chose de sympa pour la pause. D'un coup, le coup de barre, je laisse Arnaud passer devant, je suis en hypoglycémie, mes jambes n'arrivent plus à tenir le rythme. Je fouille dans ma sacoche pour y trouver des amandes, mais pas de chance, j'ai oublié que les filles avaient tout mangé la veille! Je n'ose pas demander à Arnaud de s'arrêter car maintenant les filles dorment! Finalement au prochain village, lorsqu'on achètera de l'eau pour remplir nos gourdes vides, le commerçant nous offrira un kilo de dattes!

 

 

Nous sommes maintenant à Rissani où nous passons quelques jours pour profiter du désert et des dunes de sables avant de remonter vers le Nord.

 

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                                                                                                    Un ksar

 

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                                                                  A dos de dromadaire dans l'Erg Chebi

 

 

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 15:44

DSC00204En France, lorsque nous regardions la carte du Maroc, j’avais lancé à Arnaud en pointant du doigt une zone du Haut-Atlas : « Ca doit être beau et sauvage par là ! »et à lui de me répondre : « Ben ça tu peux oublier, on n’ira jamais dans ce coin, c’est beaucoup trop dur, il y a des cols à plus de 2000 mètres et imagine, le Haut-Atlas c’est un peu comme les Alpes sauf qu’il n’y a pas beaucoup de villages pour se ravitailler ! »
Qu’est ce qui fait que nous y sommes aujourd’hui ? Est-ce l’envie de voir plus loin, d’être plus haut, de rencontrer encore plus ceux qui ne croisent jamais d’étrangers ? Est-ce le simple fait que le vélo nous donne cette incroyable sensation de liberté de pouvoir aller partout peu importe le temps que cela prendra ?


 Toujours est-il que nous voici dans les montagnes, nous avons quitté la plaine à Kasba Tadla pour grimper ensuite un premier col durant 12 km, ce qui nous aura valu 2 heures d’effort continu. Mais lorsque nous découvrons toute l’enfilade de montagnes enneigées à l’horizon, la récompense est là, c’est majestueux !
Nous enchainons ensuite les nuits chez l’habitant. Il gèle et dormir sous la tente serait trop risqué par ses températures.

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Un de ces soirs, vers 16 heures, alors que nous sommes déjà bien fatigués des multiples montées de la journée, nous décidons de ne pas poursuivre notre chemin car la route ne cesse de monter et le soleil va vite se coucher derrière les montagnes. Nous devons trouver où dormir. Nous faisons demi-tour pour retrouver les dernières maisons et demander  à un  habitant un endroit pour planter notre tente. Le dialogue se complique depuis que nous sommes dans les montagnes car le peuple berbère  possède son propre langage. L’homme nous invite tout de suite à boire le thé. Les filles jouent à courir après les poules et les chats et puis, c’est la brebis, mécontente du dérangement occasionné près de ses petits, qui se met à courir après les filles !
Finalement, le chef de famille, Abdelkader,  va couper du bois et allume le poêle dans une pièce vide. Les murs sont faits en torchis et le sol en terre battue. Sa fille d’une vingtaine d’année, Saadi, s’active pour y déposer une grande natte et quelques peaux de moutons et nous fait signe de nous assoir. Elle commence à peler les pommes de terre. Je lui propose de l’aider. Mais lorsque je sors l’éplucheur de nos bagages et lui démontre son efficacité, elle est toute hébétée et me tend son couteau en échange. Arnaud amuse ses petits frères en montrant des photos d’eux sur l’écran de notre appareil numérique et puis ces garçons découvrent les 2, 3 livres que Noémie leur prête. Ils tournent les pages à l’envers et certains  tiennent même le livre la tête en bas. C’est pour eux la première fois. Les 2 plus grands doivent avoir 7 ou 8 ans. Ils passent leur journée à garder les moutons et les faire paître. Le matin, ce sont les premiers à avoir quitté la maison.

Maroc 1808J’apprends à Saadi,  qui veut  recopier du français, qu’on écrit de gauche à droite et non de droite à gauche. On explique à Noémie que ces enfants ne peuvent pas aller à l’école car elle est trop loin.
Le tajine cuit lentement sur les braises, il est 22 heures lorsque nous mangeons encore vêtus de nos cuissards. Ils nous donnent quelques couvertures pour dormir sur les peaux de mouton. Nous n’aurons pas à planter la tente. Eux dorment tout habillés. Nous faisons de même. Au réveil, les enfants ont les mêmes fripes sur eux. Alors que nous voyageons pour 7 mois avec l’équivalent d’un sachet en plastique d’habits par personne, nous avons l’impression d’en avoir déjà dix fois plus qu’eux. Leur seul surplus semble être les couvertures que d’ailleurs, la mère aveugle me tend en faisant rouler ses trois doigts pour m’indiquer que je pourrais lui en acheter une. C’est vrai qu’elles sont belles ces couvertures berbères en laine de mouton, mais je lui explique que nous n’avons pas de place dans nos remorques et tout le monde rigole ! Nous quittons cette famille et le sourire de Saadi en leur disant « Choukhran bezef » (merci beaucoup).L’échange  immatériel peut être plus fort. Au loin encore, la famille nous fait de grands signes et nous repartons encore une fois émus.


Maroc 1815 Là où nous sommes passés, les enfants qui accourent au bord des routes nous saluent simplement avec un grand sourire. Dans certains endroits touristiques, ils réclament un stylo ou de l’argent et préfèrent attendre le touriste qui donnera plutôt que d’aller à l’école. Les responsables touristiques agissent désormais pour éradiquer ce fléau.


DSC00246Lentement mais sûrement nous franchissons le col à plus de 2400 mètres d’altitude. La pente étant parfois trop raide pour pouvoir continuer à appuyer sur les pédales. Noémie est alors fière de marcher à nos côtés et même de pousser la remorque. Romane s’impatiente et commence à pleurnicher. Il est déjà 13 heures, elle a faim. Nous la faisons patienter avec une pomme avant de trouver un endroit plat pour s’arrêter. Le paysage est de toute beauté. Très vite les filles oublient les tensions dues à la faim et la fatigue et se mettent à jouer avec la neige et les cailloux. Elles ont le visage et les mains couleurs locales, la peau tannée et asséchée par le soleil et recouverte de crasse. Une boîte de sardines et un reste de pain sec les satisferont  jusqu’au prochain tajine !


Maroc 1917Nous sommes maintenant à Imilchil,  un paisible village à 2200 mètres balayé par le vent froid. Les habitants vaquent à leurs occupations dans une ambiance calme et sereine. Nous savourons le tajine près du poêle entourés d’hommes en djellaba.  Nous y resterons deux jours le temps de laver du linge, se reposer un peu et de profiter de cet environnement  en faisant de petites balades à pied ou sur le dos d'un âne.

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 11:28

Il y a déjà tellement de choses à raconter en 8 jours qu’il est difficile de faire un résumé. Je vais simplement me centrer sur une journée pour vous donner une idée de ce que l’on vit.

On avait décidé de quitter Rabat et la côte atlantique pour aller vers les montagnes. Dès la sortie de la ville, une voiture s’arrête sur le bas côté et l’homme nous fait signe de stopper. Il veut nous inviter pour manger le couscous à midi. Nous refusons étant donné que nous venons tout juste de commencer à pédaler. Cet ancien cycliste marocain nous donne des conseils diététiques et d’hydratation et nous souhaite ensuite bonne route en nous donnant le numéro de téléphone de son fils qui pourra nous venir en aide dans le sud du pays en cas de besoin.Maroc 1499

On grimpe ensuite un long moment et déjà nous avons très chaud, même vêtus d’un simple tee-shirt ! A midi on fait des pauses dans les champs de fleurs ce qui occupe très bien les petites et les bouquets qu’elles récoltent décorent joliment mon guidon. Quelques tomates et oranges, des boîtes d e sardines, deux, trois dattes et c’est reparti pour l’après-midi.

Les filles piquent vite du nez et notre convoi devient plus silencieux.

La route descend en dessinant de grandes courbes. Une voiture me coupe la trajectoire en se rabattant et c’est la chute ! Le vélo et la remorque glissent sur plusieurs mètres. Quant à moi, je me relève rapidement en serrant les dents pour ne pas effrayer les petites. Je ressens de grosses douleurs au niveau des mains et du mollet droit. Je m’en sors avec d’énormes bleus et un coude légèrement ouvert. A ce moment une voiture s’arrête. Le conducteur avait fait demi-tour pour voir si nous avions besoin d’aide. Soucieux de notre bien-être, il appela un ami dans le prochain village chez lequel nous pourrions être hébergés. Et nous voici confiés à des personnes de confiance qui possèdent une petite ferme où ils cultivent principalement du blé et des olives.

Il n’y a pas de salle de bain et les toilettes turques ne possèdent pas de chasse d’eau, tout se fait à partir d’un petit robinet d’eau froide. Maroc 1532

Romane s’applique à manger et boire comme les grands et de toute façon ici on utilise plutôt les mains pour manger dans le plat commun. Mais la cuisine souvent grasse ou en sauce ne fait pas de cadeau à l’unique pull qu’elle possède. De plus, du haut de ses 2 ans, elle aime encore beaucoup jouer par terre, peu importe si c’est sur le trottoir, entre les ordures ou dans les prés clairsemés de plantes à épines ! Mais, tout le monde est toujours en pleine forme et la turista n’a encore atteint personne !

Noémie se pose des fois des questions sur l’environnement dans lequel elle est plongée : « Mais pourquoi ils n’ont pas d’eau chaude ? », « Pourquoi ils suspendent la viande comme ça dehors ? », « pourquoi il n’y a que des messieurs qui boivent et mangent ici ? », etc. Une autre culture, une autre religion, un autre monde qui se dévoile à elle.

Maroc 1528Nous découvrons donc un Maroc hors des sentiers touristiques, la vie de ces habitants. D'ailleurs nous sommes toujours les seuls étrangers là où nous passons.Maroc 1573

Nous partons vers les montagnes du Moyen Atlas. A bientôt

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 23:33

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 En demandant notre chemin à un jeune au bord de la route

 

Le soleil brille chaque jour et nous avons déjà la marque de nos tee-shirts sur les bras ! Bien que chaque matin au réveil, le thermomètre indique  12 ou 13 degrés, il fait bon durant la journée. On passe donc vite du bonnet aux manches courtes !

Le voyage a bel et bien commencé et nous savourons tous ces changements qui touchent nos cinq sens. ..

Nous avons choisi de longer la côte pour ne pas débuter avec trop de dénivelés ni avec des températures trop froides en montagne actuellement. Nous dormons dans de petits hôtels rudimentaires avec juste deux lits à se partager dans une petite chambre ou bien chez l'habitant. Les filles se sont vite habituées à dormir tête bèche dans un petit lit et à changer tous les jours d’endroit. Elles goûtent à tous les plats : tagines, sardines et soupes marocaines et aussi aux bons fruits récoltés surplace : oranges, mandarines, fraises et dattes.

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Au marché de Larache

Elles appréhendent encore un peu les gens qui viennent naturellement vers elles pour leur faire des bisous mais sont bien contentes lorsqu’une personne leur offre un fruit ou une petite pâtisserie par gentillesse. Pour cela, pas besoin de savoir dire merci en arabe, un sourire suffit.

 

Dans la remorque, ce qu’elles aiment le plus pour l’instant, c’est jouer de l’harmonica et de la flûte. Du coup, cela fait une joyeuse équipée sur la route qui fait sourire les passants. Mais bien entendu, elles se chamaillent aussi, ni plus, ni moins qu’à la maison !

 

Quant à nous, nous retrouvons nos vieilles habitudes de cyclos-voyageurs avec du temps en moins pour souffler. Car, avec les petites tout va plus vite. Dès l’arrêt des vélos, elles ont repérer le truc qui servira de jeu et sautent déjà de la remorque sans se poser de questions. Cela, malgré le fait que nous ne savons pas encore ni où dormir ni où manger et que nous n’avons plus rien dans les bidons pour boire ! Mais finalement, les voir rires et jouer entre les passants en djellabas nous fait parfois oublier nos soucis d'intendance. On trouvera bien à manger plus tard !

 

IUn soir, il nous est arrivé de ne pas savoir du tout où dormir, alors nous avons bifurqué dans un petit village où les habitants travaillent quasiment tous sous serre, dans les plantations de bananes. Nous demandons à trouver une épicerie pour s’approvisionner en nourriture et entre deux chemins de sable  jonchés de détritus, un homme nous demande de le suivre. Nous étions loin d’imaginer qu’il nous accueillerait chez lui comme si nous étions des rois. Entre ces quatre murs d’agglos, vit une famille au grand cœur. Non seulement nous avons eu une pièce pour dormir mais en plus, ils nous ont offerts copieusement à manger. Nous avons tenté de communiquer ensemble en mélangeant quelques mots d’arabe, d’espagnol et de français. Eux ne parlaient pas du tout français mais Mourad le frère,  qui revenait pour quinze jours d’Espagne où il travaille dans les cultures de tomates, baragouinait quelques mots catalans. De toute façon, les paroles étaient remplacées par les sourires et même les larmes au moment de se quitter…Que dire, à part le fait que dans la saleté et la précarité, ces êtres brillent par leur gentillesse et leur générosité.

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Petit déjeuner chez l'habitant : crèpes locales, galette de semoule grillée, olives , poisson et thé à la menthe ou café au lait; les petites y ont eu droit aussi!



 

Nous sommes maintenant à Rabat, la capitale. L’entrée dans la ville, entre tramways, bus, voitures, motos, piétons, ne fut pas évidente. Nous nous imposons à coup de bras à droite ou gauche et tentons d’esquisser encore un sourire à ceux qui nous souhaitent bienvenue au Maroc ou bonne chance !

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En pleine ville, à Kénitra, des cigognes  font un petit clin d'oeil à l'alsacienne de passage!

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 17:00

    Maroc 1140 Nous avons quitté notre petit confort, les filles ont dit au revoir à leurs jouets et à leur maison. Il fait -15°c .Sur le quai du port de Gênes, nous grelottons de froid.

Le bateau nous arrache du continent européen pour nous transporter jusqu'au continent africain en 47 heures. Le temps de prendre conscience de la distance qui nous sépare de ces deux points. Nous passons le détroit de Gibraltar, moment intense.

Il est 16 heures, nous débarquons au Maroc au port de Tanger Med. Nous effectuons les 10 km qui nous séparent de Ksar Sghir, village où nous dormons pour la première nuit. Il fait froid. L'eau est froide, le vent est froid.

Heureusement, le soleil est au rendez-vous dans la journée et réchauffe bien nos corps.

Jusqu'à Tanger ville nous grimpons et descendons sans arrêt, nos muscles sont mis à contribution de façon

très intense et nous haïssons nos remorques surchargées! C'est dur, très dur....

Ensuite, traverser Tanger, éviter les taxis fous, les piétons, prendre des rond-points à 6 voies, se frayer un passage parmi toute cette circulation et réussir à arriver chez Zineb. Ouf....

Zineb et Adil sont couchsurfeurs, un réseau de personnes qui hébergent des voyageurs à travers le monde. Nous sommes merveilleusement bien accueillis. Les filles goûtent à leur première tajine. Nous parlons du Maroc, de la France, de nos premières impressions du royaume. Ils confirment notre sensation d'être dans un pays à 2 vitesses où 2 mondes, entre tradition et modernité, se cotoyent.

Noémie et Romane semblent avoir bien compris le jeu : on dort tout le temps ailleurs et on voit plein de nouvelles personnes et ça leur plait! Bon, on donnera des nouvelles bientôt mais là, il faut que je me dépêche car les filles vont manger toutes les fraises! (eh oui, c'est de saison ici!)

 

Maroc 1164

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